Berne devra réduire par deux ses achats de vaccins anti-Covid en 2023 et devra faire le point sur ce qu’est aujourd’hui la neutralité suisse.

SESSION D’ÉTÉ DU PARLEMENT:

Vaccins.

Le débat sur le nombre de doses de vaccins anti-Covid aura agité toute la session d’été du Parlement. Il aura finalement tourné à l’avantage du Conseil des États. Le crédit d’engagement pour acheter des vaccins en 2023 s’élèvera à 560 mio de francs. La Conférence de conciliation a choisi jeudi de suivre la variante la moins chère par 14 voix contre 12, contre l’avis du National.

La Confédération ne pourra acheter que deux fois moins de doses que prévu.

Le Conseil national aurait voulu suivre la stratégie de vaccination du Conseil fédéral, basée sur le principe de la redondance pour la protection de l’ensemble de la population. La Chambre du peuple avait du coup approuvé un crédit d’engagement de 780 millions de francs pour l’achat de 14 millions de doses d’ici à 2023, soit 7 millions à Moderna et 7 millions à Pfizer.

«Le Conseil des États a accepté cette stratégie, mais uniquement pour les personnes à risque. Il a donc réduit le crédit d’engagement à 560 millions de francs pour l’achat de 7 millions de doses en tout», a rappelé Anna Giacometti au nom de la commission. C’est cette variante qu’a choisie la Conférence de conciliation. Les contrats devront donc être renégociés.

Pour rappel, le Parlement avait déjà approuvé l’achat de vaccins anti-Covid en 2022. D’un montant initial de 314 millions de francs, il a été revu à la baisse à 234,3 millions, après la mise au jour du fait que la Confédération aurait signé des contrats pour des montants non encore avalisés par le Parlement. Berne a annoncé la semaine dernière qu’une enquête était en cours.

Neutralité suisse.

Le Conseil fédéral devra présenter un rapport sur la neutralité helvétique. Le Conseil des États a adopté ce jeudi un postulat de sa commission de politique extérieure en ce sens. Le rapport devra porter sur les limites en matière de droit de la neutralité (survols, livraisons d’armes, adhésion à l’OTAN ou coopération avec cette organisation, entre autres) et sur l’utilisation prévue de la marge de manœuvre de la politique de neutralité (sanctions: imposition et exécution).

Ce sont les sanctions de la Suisse et la politique de neutralité menée par le Conseil fédéral dans la guerre en Ukraine qui sont à l’origine du postulat.

«C’est une bonne chose que la Suisse mène un débat sur la neutralité suite à cette guerre», a souligné Benedikt Würth au nom de la commission. «Aujourd’hui, il est mené exclusivement dans les médias. Mais il doit aussi être intégré dans le processus parlementaire», a-t-il expliqué.

«Depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, il y a effectivement beaucoup de questions sur la neutralité», a reconnu le président de la Confédération Ignazio Cassis. «Notre neutralité n’est pas une construction figée. Nous devons sans cesse l’adapter à la réalité».

«Depuis le dernier état des lieux de la neutralité en 1993, notre environnement a beaucoup changé», a-t-il encore souligné. «À l’époque, nous n’étions pas encore membres de l’ONU, alors qu’aujourd’hui, nous siégeons au Conseil de sécurité», a-t-il cité en exemple. De temps en temps, notre politique de neutralité doit être revue afin de s’assurer qu’elle préserve au mieux nos intérêts et nos valeurs», s’est-t-il expliqué.

Il faut donc, selon le Tessinois, «une analyse approfondie et une discussion sur ce que nous entendons aujourd’hui par neutralité et sur la manière dont nous voulons la concevoir». Le chef de la Diplomatie suisse a d’ailleurs demandé en mars déjà le mandat d’un nouveau rapport sur la neutralité.

Débat sur le prix de l’essence, nouvelles centrales nucléaires et violences domestiques.

Le Conseil national a refusé la proposition de l’UDC de réduire les taxes sur l’essence, malgré l’énergie déployée lors des débats qui ont été vigoureux.

La construction de nouvelles centrales nucléaires restera interdite. Le Conseil des États a balayé par 24 voix contre 8 la motion de Hansjörg Knecht qui aurait voulu modifier la loi sur l’énergie nucléaire afin de rendre à nouveau possible un jour la création de nouvelles centrales.

Le Conseil fédéral devra mener des campagnes nationales de prévention des violences domestiques, sexuelles et fondées sur le genre. Elles couvriront différentes formes de violence et s’adresseront à différents publics, ainsi qu’aux potentiels agresseurs. Après le Conseil des États, le National a adopté jeudi par 127 voix contre 50 une motion de la sénatrice Marianne Maret, visant à ce que la Suisse respecte ses obligations internationales en la matière.

Pour rappel, notre pays s’est engagé en ratifiant la Convention d’Istanbul.

Résumé des séances du 30 mai au 17 juin 2022 : ici.

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La session d’été du Parlement débute ce lundi.

La session d’été débute ce lundi 30 mai, de nombreux thèmes seront au menu des Chambres fédérales: assurance maladie, réforme du 2e pilier, endettement Covid, contre-projet à l’initiative sur les glaciers ou conséquences de la guerre en Ukraine occuperont les parlementaires durant les trois prochaines semaines.

Primes et assurance maladie au National

Les choses sérieuses démarreronrt dès mardi au National avec l’initiative populaire du Centre «Pour des primes plus basses». Ce texte exige du gouvernement et des cantons des mesures si la hausse des coûts par assuré est supérieure à plus d’un cinquième de l’évolution des salaires nominaux. Le Conseil fédéral n’en veut pas et lui oppose un contre-projet indirect, qui s’inscrit dans son programme en deux volets pour freiner l’augmentation des coûts de la santé. Les débats sont carrément prévus sur deux jours.

Climat

Le National devra aussi débattre du contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers. L’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050, demandé par l’initiative, doit être inscrit dans la loi. Mais pas question d’interdire purement et simplement les carburants et combustibles fossiles, selon la commission compétente. A la place, elle plaide pour des objectifs concrets et rapidement réalisables. Le Conseil des Etats devra lui aussi se pencher sur la question.Les sénateurs devront aussi débattre sur l’initiative populaire «Contre le bétonnage de notre paysage», et du contre-projet indirect que le Conseil fédéral a concocté sous la forme de la deuxième étape du projet de révision de la loi sur l’aménagement du territoire.

La réforme LPP

L’autre gros morceau de la Chambre des cantons sera la réforme de la prévoyance professionnelle. L’enjeu central est la compensation à la baisse du taux de conversion de 6,8% à 6%, qui elle n’est pas contestée. Le National a adopté son modèle lors de la session d’hiver, moins généreux que celui proposé par le gouvernement. La gauche menace déjà de lancer un référendum en cas de réforme trop peu solidaire. La commission compétente du Conseil des Etats propose d’opter pour une troisième voie, qui ait une chance en cas de votation. Mais elle a pris sa décision de justesse, signe que le sujet sera très disputé lors des débats.

Guerre en Ukraine

Gauche et droite débattront aussi sur la guerre en Ukraine et ses conséquences en Suisse. Du côté du National, le PS a fait inscrire au programme une motion exigeant la mise en place d’un groupe de travail, chargé de passer au crible la place financière suisse. Il devrait découvrir où les oligarques russes figurant sur la liste des personnes sanctionnées ont caché leur argent.Mais le PS n’aura pas le monopole des débats. L’UDC a elle aussi décidé de déposer 4 motions ayant trait à l’essence. Le parti veut réduire les impôts sur les carburants et les combustibles ainsi que relever les déductions pour les frais de déplacement professionnel.Du côté des Etats, c’est l’augmentation du budget de l’armée, sujet chaud, qui passera sur le grill.

Endettement lié au Covid

Les conséquences de la pandémie de Covid-19 se feront encore sentir dans les débats. Le National traitera de la réduction de l’endettement lié au coronavirus. Les deux Chambres devront en outre avaliser un supplément au budget 2022 de 2,7 milliards de francs pour les mesures de lutte contre le coronavirus.

Du viol dans le droit suisse à un Conseil fédéral à 9 membres

Les parlementaires se prononceront encore sur toute une série d’objets allant de la définition du viol dans le droit suisse, en passant par la naturalisation et le partenariat enregistré, les allocations maternité ainsi qu’un congé de dix jours pour les pères parlementaires ou la circulation routière. La question des trophées de chasses que l’on ramène de vacances ou celle d’un Conseil fédéral à 9 membres seront aussi au menu dès ce lundi.

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